Ce jour est un grand jour pour le collectif du LABO DTF. Nous en avons longuement parlé. L’ambition est certes mesurée, mais nous l’avons fait : la Nouvelle AIcole de NEncy est née.
Léger retour en arrière pour évoquer le commencement.
Il y a dix ans, une poignée d’irréductibles souhaitaient trouver un lieu pour donner corps à leurs aspirations. De ce petit noyau en fusion naîtra l’Art Demi-Sec, croisement d’Art Brut et de Dadaïsme. Le laboratoire, lui, stoïque, telle l’enveloppe protectrice qu’il représente, verra s’opérer un glissement et une oscillation entre l’Art Demi-Sec et l’Art contemporain. Tout cela à travers d’interminables palabres et tensions lors de soirées oh combien vivantes ! Très vite, le besoin de se confronter au public et à la critique convergera et nous profiterons d’un lieu au 117 rue Charles III à Nancy (« L’explosition« , « Black à Août« ) et de l’aventure des ouvertures d’ateliers pour présenter notre travail. Alors vous me direz tout cela est commun à toute association ? Peut-être oui, mais là nous touchons aux prémices de la Renaissance de l’École de Nancy, car plus que le collectif qui incarne le réenchantement du monde, le bouillonnement d’idées, c’est bel et bien la volonté de voir émerger une nébuleuse de créateurs vers un ailleurs venu d’ici.
En effet, reprenons le cours de l’Histoire : l’École de Nancy avec un a (car la notre a un e) va naître d’un traumatisme, la guerre de 1870 et l’occupation allemande de 1873.
Les années qui suivent verront Nancy devenir la capitale de l’Est de la France avec son dynamisme économique sans précédent et surtout le bouillonnement des idées ainsi que la création de l’École de Nancy, succédant à celle de Metz qui ne fera pas date. Bouillonnement d’idées, c’est peu dire : invention par Bernheim de la théorie et la pratique psychothérapique à travers l’hypnose, Victor Lemoine brillantissime maître de l’horticulture ainsi que François Félix Crousse. Que dire d’Henri Bellieni, inventeur talentueux qui lancera la fameuse jumelle stéréoscopique à double lentilles pour vues panoramiques.
Les arcanes de l’inconscient, l’exubérance de la nature et les prouesses techniques de l’époque seront en cette fin du XIXème siècle l’environnement qui nourrira les artistes par transversalité de discipline.
Cette École de Nancy verra Victor Prouvé en 1890 écrire un article en forme de manifeste qui préfigure les prises de positions de l’alliance.
Extrait : » Bons ou mauvais, soyez avant tout de votre époque; je préfère l’originalité primesautière et mal réglée d’un artiste à cette obéissance servile d’un copiste qui ne comprend pas : c’est comme si l’on écrivait sous la dictée d’un mort ».
Le LABO DTF a écrit dans son manifeste : « L’Art Demi-Sec est LE pouvoir : inutile de lutter, vous lutteriez contre vous-même; Soumettez vous : l’Art Demi-Sec est votre bonheur« .
Alors évidemment, et disons le humblement, nous n’avons pas pour l’instant créé les liens susceptibles de voir se multiplier l’intérêt que peut susciter une période où tous les indicateurs sont au vert pour l’émergence d’une re-Renaissance d’un mouvement créatif venu de l’Est et tout particulièrement de Nancy, au 7-9 rue de la Côte.
Alors que va-t-il se passer en ces lieux ? Depuis dix ans, c’est l’antre de la recherche des formes, couleurs, techniques, de la transversalité, de l’accueil, de la causticité, de la confrontation créant l’étincelle susceptible de poursuivre des pistes faisant émerger ou pas du nouveau. Chaque jour est un combat pour extraire la substantifique moelle. De grandes périodes de silence se succèdent au vacarme de cette grotte. Et aujourd’hui c’est une fête, la naissance d’un lieu d’exposition éphémère et perpétuel : la NAINE. L’ambition de ce lieu : créer un endroit hybride, subtil mélange entre laboratoire et galerie d’art, donc au choix une laborie ou une galoire !
On pourra ainsi y découvrir des artistes invités en lien avec l’esprit du lieu et de ses occupants.
Soit en exposition unique, ou en miroir avec un artiste du Labo (ou encore d’avantage). Toute proposition, tout risque reste à venir.
Donc nous vous invitons à nous accompagner pour que définitivement l’art à Nancy reprenne ses engagements et ses ambitions de suspendre le temps comme au bon vieux temps de l’Art Nouveau…
Eric Deloeuvre
La Löse