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Discours de présentation de la Nouvelle Aicole de Nency
Ce jour est un grand jour pour le collectif du LABO DTF. Nous en avons longuement parlé. L’ambition est certes mesurée, mais nous l’avons fait : la Nouvelle AIcole de NEncy est née.
Léger retour en arrière pour évoquer le commencement.
Il y a dix ans, une poignée d’irréductibles souhaitaient trouver un lieu pour donner corps à leurs aspirations. De ce petit noyau en fusion naîtra l’Art Demi-Sec, croisement d’Art Brut et de Dadaïsme. Le laboratoire, lui, stoïque, telle l’enveloppe protectrice qu’il représente, verra s’opérer un glissement et une oscillation entre l’Art Demi-Sec et l’Art contemporain. Tout cela à travers d’interminables palabres et tensions lors de soirées oh combien vivantes ! Très vite, le besoin de se confronter au public et à la critique convergera et nous profiterons d’un lieu au 117 rue Charles III à Nancy (« L’explosition« , « Black à Août« ) et de l’aventure des ouvertures d’ateliers pour présenter notre travail. Alors vous me direz tout cela est commun à toute association ? Peut-être oui, mais là nous touchons aux prémices de la Renaissance de l’École de Nancy, car plus que le collectif qui incarne le réenchantement du monde, le bouillonnement d’idées, c’est bel et bien la volonté de voir émerger une nébuleuse de créateurs vers un ailleurs venu d’ici. Continuer la lecture de Discours de présentation de la Nouvelle Aicole de Nency
Lancement de La N.AI.NE
Bienvenue sur le Blog de La N.AI.NE, la Nouvelle Aicole de Nency.
La N.AI.NE voit le jour début 2012 autour du collectif « le Labo DTF » et de sa nébuleuse.
L’art demi-sec s’est illustré et évaporé sur les braises de l’art contemporain. De ses éthers la Nouvelle AIcole de NEncy est née.
Celle-ci n’admet aucune imperfection, rien n’est trop beau pour qui ne sait de quoi demain sera fait.
L’ambition de la N.AI.NE est d’entraîner dans son sillage, les illuminés de la Re-re Naissance.
Cet endroit hybride, subtil mélange entre laboratoire et galerie d’art, vous ouvre ses portes de manière aléatoire, alors restez connecté pour suivre notre actualité !
La Biennale d’art contemporain de Venise 2009
Le Labo DTF a dépêché pas moins de 3 envoyés spéciaux pour couvrir la 53ème biennale de Venise. Un reportage réalisé par Romain DURCIK, Nicolas DURAND et Guillaume HOUIN. Le thème de cette biennale était « faire des mondes »…
« faire des mondes », quoi de plus fourre-tout qu’un thème si généraliste ? De quoi donner à tout le monde l’occasion de faire ce qui lui plait… Cette année la biennale à récompensé de son lion d’or Bruce Nauman, dans le pavillon américain, pourquoi une telle décision vous me direz-vous ? il est vrai que l’on peut s’interroger, pas parce qu’il ne le mérite pas, mais pourquoi récompenser d’un lion d’or un artiste dont les oeuvres datent des avant-gardes minimales et conceptuelles des années 60. Sinon que dire si ce n’est beaucoup beaucoup de choses à voir, une édition chargée à mon goût, comptez une semaine pour faire le tour vraiment ! Claude Lévêque fait la différence évidemment en murant l’entrée d’une paroi aveugle, un décor argenté brillant, des cages à fauves et des drapeaux noirs, un minimalisme et une esthétique particulière, les russes cette année frappent fort, des dessins à l’encre de Pavel Pepperstein, Shuralev qui a punaisé sur les murs noirs de minuscules portraits de personnes célèbres du 20è s., Molodkin met en scène 2 athéna sous respirateur artificiel, une avec du sang pour la vie et l’autre avec du pétrole tchétchène, la mort, le must reste Kallima, qui a peint sur les 4 murs d’une salle, une foule en délire d’un stade, visible qu’à la lumière noire, en fond sonore les cris progressives de la foule, puis une interruption brutale de l’ensemble nous ramène à une pièce blanche et silencieuse…le meilleur pavillon à mon goût. On pourrait faire le tour de chaque pavillon, mais il faudrait un article de 3 kilomètres.
Guillaume HOUIN
Les rencontres de la BAC : ELISE FRANCK au coeur des songes.
Parmi les peintres que la BAC souhaitait ausculter, Elise Franck fut la première à nous ouvrir son antre. Décor coquet d’un atelier relevant plus d’une chambre universitaire que d’un cloaque du XIX ème. L’élaboration de sa création se joue de son enfance à travers la mémoire.
« Ma grand-mère ne sait pas que je m’inspire d’elle, ça me gêne de lui dire. je détourne ses question, je fais mine de ne pas posséder de photographies de mes travaux. »(1)
Détail de la toile « Chardin » représentant un buste antique sur une commode, qui effrayait et inquiétait Elise Franck enfant la nuit, lorsqu’elle était chez sa grand-mère.
Sa mémoire renvoie à des objets, des instants, à des êtres en perpétuel ricochet.
« Mes petits croquis, c’est vraiment pas grand chose. C’est juste pour visualiser des lignes. Ces petites images m’aident à construire mes toiles… »(2)
Il faut voir ses toiles (grand format) vous happer comme pour mieux vous intégrer à ses songes. Sa création suit les méandres de fixations traumatiques, comme si elle longeait un fleuve ou le lapin côtoie la fève sans la galette. Difficile de décrire l’impression qui se dégage de ses toiles car il y a toujours une inquiétante étrangeté qui se mêle à une gourmandise non feinte.
Son travail s’appuie sur une économie de matière qui permet de retrouver cette touche délicate qui anime ce « je ne sais quoi » d’imperceptible effroi. Tout cela est truffé de nuances (de tons, d’ émotions, d’ impressions…). L’on est dans l’intime, l’intérieur, dans l’antre de la peintre.
Sa dernière toile, toujours en cours, nous laisse entrevoir d’imperceptibles évolutions dans le traitement; ses teintes demeurent lumineuses, douces, mais plus intenses et plus épaisses.
palette de l’artiste
Le thème évolue (paysage culinaire actuel) où comment peindre une montagne à l’aide de deux clichés, l’un d’une coupe de glace chantilly et l’autre d’un paysage montagneux.
Son espace de création, à l’aube de sa carrière, est tourné vers son passé, ses souvenirs. La Bac a hate de retrouver Mademoiselle Franck après la virgule, celle qui ponctuera le passage d’un passé tourmenté vers un futur incertain mais que nous lui promettons radieux et « enchanté ». Nous espérons très prochainement la revoir en dehors de son atelier. Une exposition lui permettrait peut-être de finir d’écrire sa première phrase, celle qu’elle avait commençée d’inscrire sur ses premières toiles et ainsi « par la présente »(3) continuer son histoire picturale que nous nous promettons d’accompagner.
(1) extrait de « Par la présente », Elise Franck, DNSEP art 2007.
(2) extrait de l’entretien réalisé par la Bac
(3)référence faite à: »Par la présente, je n’appartiens plus à l’art », livre de Joseph Beuys.
Nom : Elise FRANCK, née le 12/10/1984, à Metz
Adresse de son atelier : 09 rue des soeurs macarons 54000 NANCY
http://www.elisefranck.fr
Parcours :
2005 Galerie Lillebonne Nancy Organisation de l’exposition « Dans le noir » Exposition de travaux d’étudiants des Beaux-arts 2006 Espace 117 Nancy Exposition collective 2006 Galerie Automatique Bâle, Suisse 2006 Galerie de l’Esplanade Metz « Double Face », exposition collective 2007 Fort de Jouy-sous-les-côtes Jouy-sous-les-côtes Exposition « le patrimoine militaire au sein de l’art contemporain » 2007 Galerie Poirel Nancy « Le nouveau paysage familial », exposition collective
2002 Lycée de La Communication Metz Baccalauréat littéraire option arts plastiques, mention AB 2002-2007 Ecole Nationale Supérieure d’Art Nancy 2005 Diplôme National d’Arts Plastiques, option art, avec mention 2005-2006 Echange Erasmus à l’Académie des Beaux-arts de Munich, Munich atelier de peinture d’Anke Doberauer (Allemagne) 2007 Diplôme National Supérieur d’Expressions Plastiques, avec les félicitations du jury
Influences : Courbet / Chardin / Kilimnik / Tuymans / Morandi / S.Calle / V.Mréjen / Boltanski
TOUSSAINT DE L’ART
Le monde voit les bulles spéculatives se désagréger. Le marché de l’art actuel, lui, s’est construit non pas sur des critères artistiques mais sur des fondements spéculatifs. Aujourd’hui la garantie pour un acquéreur d’oeuvres de faire le bon choix ne se justifie plus par la qualité de l’artiste, mais par la puissance du marchand et la solidité de son réseau.
Les 2/3 des collectionneurs importants, ceux qui font le marché, sont anglo-saxons. Cela pose la question de la diversité des oeuvres achetées et de l’impossibilité pour certains artistes d’accéder à ce marché. Une forme d’impérialisme culturel se joue dans le milieu des arts plastiques. Ces clubs d’investisseurs ont privilégié les artistes anglo-saxons. Les critères d’accès à ce marché semblent reposer sur une lecture critique monodirectionnelle, à savoir la subversion.
Le regret que l’on peut avoir est que cette lecture manque de rigueur. En effet, comment admettre la subversion lorsqu’elle est orchestrée par les marchés et subventionnée par les institutions ? Peut-on continuer à lier marché et art ? Si l’on admet que la culture est source de profit, il y a tout à craindre. C’est pourquoi il faut distinguer culture et art, si l’on veut sortir de la crise. Tout est devenu culture mais certainement pas art.
Quel reflet de notre époque les artistes vont-ils laisser aux générations suivantes ? Au regard des créations soit-disant majeures, les thèmes porteurs seraient la fade subversion, le cynisme ou le conceptuel abscons. Nous allons nous arrêter sur le thème du temps : celui-ci est en effet un thème phare de l’art contemporain. Mais à trop vouloir le distordre, il y perd son présent. Où est cet art qui se veut intemporel ? Il n’a plus de lien avec le bain sociétal et il ne prend plus de risque en se frottant au concret (qui ne se confond pas avec la vie quotidienne), au point de vouloir faire disparaitre le le rapport qui se joue entre l’oeuvre et l’époque où elle fut créée. Une toute puissance des artistes néfaste à une mise en critique permettant une évolution. Car que dire de cette redondance de thèmes pseudo philosophiques dans les oeuvres afin de cacher la misère plastique…
Trop d’artistes ont emprunté à Marcel DUCHAMP son intérêt pour la philosophie dans son oeuvre et n’ont retenu que le « Tout est art ». Ne peut-on penser comme le dit Al FOSTER dans « Design and Crime » que le deuil de la modernité et post-modernité n’est pas réalisé ? Ou plus simplement que l’art contemporain dans sa version la plus marchande (Hirst et Koons) n’est-il pas la queue de comète post-moderne ? Pour le dire simplement, ce sont les scories d’un art déjà passé à la moulinette du temps. Similitude avec les artistes pompiers du début du siècle.
Aujourd’hui, en ce premier novembre 2008, qu’en est-il de l’art et quelles conditions pour un après ?
Une des conditions premières devrait être la sincérité dans le travail de l’artiste. Seule voie possible à une démarche du futur. Se nourrir du passé est important, le singer ou pire le copier ne semble pas la voie vers l’après. Il faut expérimenter, se tromper, voyager en soi, tout en regardant dans la lucarne de l’histoire de l’art. Hanna Arendt dans son ouvrage « La crise de la culture » pense qu »il ne s’agit pas de renouer le fil rompu de la tradition ni d’inventer quelque succédané ultra moderne, mais de savoir s’exercer à penser pour se mouvoir dans la brêche ». Ce thème est repris par Pierre STERCKX dans « Impasses et impostures » en insistant sur le fait qu’un changement est nécessaire, un recommencement possible. Il préconise l’arrêt de la part des artistes ou critiques de galvauder sans nuances les phrases de Duchamp et Carl André que sont : « Ce sont les regardeurs qui font le tableau » ou « si quelqu’un dit que c’est de l’art, c’est de l’art ». Cela entraine un grand n’importe quoi. Ce n’est pas parce que nous sommes sur les ruines de l’art du 20ème siècle qu’il faut désespérer. Bien au contraire la reconstruction nous obligera à utiliser le passé et le futur pour un présent toujours dépassé.
Le LABO DTF propose la création de l’Art enchanté : un art de la fiction, du symbolique et d’une autre réalité qui ne se confond pas avec la vie quotidienne. Un art qui refuse de s’enfermer dans la case « promo dollar » tout en s’interdisant de hurler avec les loups contre l’art contemporain. Ce demain de l’art, les laborantins souhaitent y participer et souhaitent y imprimer des valeurs comme l’intentionalité, la fulgurance. Revenir à la forme comme nécessité plastique et ne pas tomber dans le formalisme avec ses clichés et schémas. Cette forme peut être liée au sens et à la subjectivation.
Pierre STRECKX fait reposer ses critiques sur la subjectivité (chère à Deleuze) et l’expression. Sa critique se rapproche de ce que souhaite la LABO DTF pour arriver à se sortir du marasme actuel. Réussir à cuisiner en laboratoire un mixte du savoir et de sensations ou un équilibre entre l’affect, le concept et le percept (saisit le sensible à travers ses apparences).
Enchantons la vie en déposant les armes et fleurissons la tombe de l’art contemporain, et fêtons la naissance de l’Art enchanté ! (ce qui charme, suscite un plaisir extrême).
° Vx Poney
Le peintre créateur d’utopie vivante ou, le pouvoir de l’art
HUNDERTWASSER au musée Unterlinden, Colmar.
Rares sont les artistes ayant poussé leur art aussi loin et sans concession, au sein même de la vie. En effet, Hundertwasser n’a pas été que le témoin de son temps, il a agit sur lui. Allergique au conformisme ambiant au point de haïr la ligne droite. « Quand un lion s’approche de vous ou quand un requin veut vous tuer, vous êtes naturellement en danger de mort. Nous avons côtoyé ces dangers pendant des millions d’années. La ligne droite est un danger créé par l’homme. Il y a tant de lignes, des millions de lignes, mais une seule est mortelle, et c’est la ligne droite tracée à la règle. Le danger qui émane de la ligne droite n’est pas comparable au danger qui émane des lignes organiques que font par exemples les serpents. La ligne droite est étrangère à la nature de l’homme, de la vie, de toute la création. »
Cet autrichien né à Vienne en 1928 verra sa carrière débuter à Paris. Puis très vite il parcourras le monde grâce à une série continue d’expositions, de discours-manifestes et de happenings-performances. Cela s’illustrera par une théorie: l’homme a trois peaux. L’épiderme naturel, les vêtements et la maison, tout cela sous le principe de la spirale (niveaux de conscience successifs et concentriques par opposition au moi profond). D’où sa haine de la ligne droite qui empêcherait toute divagation créatrice. Il parle de son laboratoire mental pour obtenir une parfaite autonomie imaginative. Pour Hundertwasser, l’art est le chemin qui mène à la beauté. Autre postulat chez lui , la nature est une fin en soi. Il fut traité de beatnik ingénu voir de bouffon jouant au terroriste mental. Tout est inscrit dans sa peinture, le rapport haine-nature, projet de société, lutte contre la tyrannie du fonctionnalisme et le grand défi: le triomphe de la beauté sur la laideur polluante. Sa seule arme est son art.
A Colmar l’accent a été mis sur son œuvre picturale. Emerveillement de la BAC sur cette peinture lumineuse et humaniste comme peu de peintres sont capables d’aller rechercher (grâce à la spirale…) au plus profond d’eux-mêmes les formes et les couleurs vives de leur enfance pour illuminer de la sorte l’espace d’exposition. Forte utilisation de peinture métallique, brillante, avec une priorité de couleurs chaudes et plus particulièrement de jaune. Ses tableaux, qui sont fait de feuilles de papier collées sur la toile puis peintes ou dessinées représentent en majorité ce que l’on pourrait nommer des « villes nature ». En effet mêmes s’il y a beaucoup d’immeubles, ceux-ci sont recouvert de végétation, des arbres sortent des fenêtres, etc. Les deux belles pièces de l’exposition sont des tapisseries de grandes dimensions reprenant les mêmes sujet que les toiles mais donnant une impression de volume, de profondeur, qui décuple leur attrait. Les affiches regroupées dans une petite salle sont d’un intérêt certain sur son travail de militant humaniste et écologiste. On y découvre également des séries de timbres et de pièces que lui avait commandé l’ONU sur des thèmes tels que la paix, la fraternité ou encore l’écologie.
Seul regret, l’absence (à part quelques photos) de prise en compte de son œuvre architecturale. Nous aurions aimé voir les maquettes de ses réalisations. Il se définissait comme un « médecin de l’architecture », il détestait la plupart des architectes, il pensait que chacun devait pouvoir construire sa propre maison (sa troisième peau) comme il l’entendait. Il a lui-même construit ou rénové des quartiers (à Vienne), au Japon, en Nouvelle Zélande, en Australie… »Je crois que l’architecture a toujours été mon but. J’ai peint parce que l’on ne m’a pas laissé faire autre chose. J’ai donc rêvé en petit ce que je ne pouvait pas réaliser en grand. Je rêvais que les tableaux n’étaient que des projets et des maquettes pour de plus grandes choses. »
Vieux-Poney et Ray.
Les citations d’Hundertwasser sont tirées du livre: Hundertwasser de Harry Rand, éditions Taschen.
« Passe moi de l’huile, je rouille »
EXPOSITION « MACHINS – MACHINES »
GALERIES POIREL – JUSQU’AU 09 NOVEMBRE 2008
C’est la rentrée aux Galeries Poirel ! Il a fallu patienter quelques mois avant de pouvoir réinvestir ce lieu désormais habité par l’esprit du Dieu LAPEYRE.
Mais trève d’humour de mauvais goût et parlons plutôt de l’essentiel, à savoir la présentation d’oeuvres d’une vingtaine d’artistes qui ont tous pour point commun d’avoir attrapé le virus de la mécanique et de l’assemblage, et de vouloir nous le transmettre en exhibant leurs oeuvres qui tentent de nous faire plonger dans leurs engrenages.
Après avoir franchi sans trop d’émotion le « Retable profane » de Thierry DEVAUX qui aborde la question de la machine sous un angle plutôt en décalage avec le reste de l’exposition (bonjour à Jules Verne au passage), Les crocs de Daniel DEPOUTOT titillent, aguichent et donnent envie au spectateur d’aller voir ce qui se cache derrière cette machinerie diabolique. Pas assez pointu cependant pour nous rentrer dans le lard
Par contre, La machine à souffler sous les jupes étonne par le contraste entre l’énormité du soufflet tout droit sorti des hauts fourneaux, et la délicatesse du vent qui nous amène à regarder sous les jupes des filles poupoupidou…
A l’image du bestiaire de circonstance réuni pour l’occasion, cigognes, marcassins de CHEDBURN, loup et dragon de MALARTRE et autres vaches articulées de Fred PARISON (compagnie La Machoire 36 que j’avais vue jouer le spectacle « l’aquarium » qui mettait en scène des objets mécaniques conçus à partir de ferraille récupérée ), peu de grande surprise dans l’esprit général de cette exposition.
Les héritiers de l’art brut ont été convoqués, à l’image des machineries de Monchâtre; les oeuvres sont parfois interactives ce qui peut amuser et apporter le mouvement attendu….
…..mais souvent répétitive dans leur esprit anthropomorphiste, voire musical des années 70 (Frédéric le Junter, retourne jouer avec Emil 13!)
Un artiste se détache pour ma part de l’ensemble : Julien PERRIER , plutôt jeune et gonflé d’exposer des bronzes dans ce bazart, royaume de la récupération. Hormis le matériau, Perrier apporte un autre angle au mouvement en sculpture, thème central s’il en est.
Sa Métamorphose, son Secret d’état ou sa Chaise électrique nous plongent avec peu d’éléments dans leur univers qui laisse une place importante à l’imaginaire et ne nous assomme pas avec ses détails poétiques.
Il convoque avec une force certaine l’absence et le mystère, la rencontre et l’opposition. C’est peut-être grâce à la présence de cette dualité que les oeuvres prennent de la force et nous entrainent dans leur sillage.
Cette exposition, sagement mise en espace par un certain Marc DECAUX, qui apprécie les fonds rouges, et surtout les fonds de rouge (!) inaugure une rentrée artistique sous le signe du mouvement : mais cette dynamique ne se retrouve si bien que lorsqu’elle n’est que suggérée et non démontrée par l’artifice mécanique, aussi précis et poétique soit-il.
Ager Man
Vent d’Ouest sur le Nourrain
La BAC s’est éclatée cet été afin de s’aérer, se ressourcer et découvrir de petites perles. Exemple : visite au Musée des Beaux Arts de Caen où était proposée une mise en perspective de l’oeuvre de GIACOMETTI et l’oeuvre de 15 artistes contemporains (BASELITZ, BOURGEOIS, BERTRAND, FISCHLI & WEISS, GORMLEY, JUDD, KIRILI, KOUNELLIS, MESSAGER, OPPENHEIM, OROZCO, PEREZ, SARKIS, SAULNIER, SHAPIRO).
Intelligence du propos, à savoir la confrontation inattendue faisant apparaitre des liens profonds d’inspiration, de sensibilité, de convergence entre GIACOMETTI et ces contemporains.
L’exposition propose 9 thématiques (visions, répétition, fragments, empreinte, mutation, mémoire, objets, énergie, fictions d’espace) dans 8 salles. Les oeuvres des quinze artistes sont mises en dialogue avec celles de GIACOMETTI. Cela crée des rencontres intergénérationelles, de l’improbable, de l’arbitraire enfin du choix, du délibéré, de la subjectivité.
« Quand aujourd’hui rencontre hier, il y a toujours un peu de demain » : cette phrase est particulièrement mise en lumière avec l’oeuvre de SARKIS « I love my Lulu » où la mémoire se joue du matériel, et vice-versa.
L’enveloppe et l’intérieur sont une oeuvre; tout est art avec cette réalisation. Recherche de sens, reprise du passé, recherche de l’inconnu, travail plastique…quelle merveille !
Et que dire de « Plaisir-déplaisir » d’Annette MESSAGER.
Rencontre du « Doudou, ninnin » avec l’être raisonné. Lorsque l’œuvre d’art rejoint le « train fantôme ». La spiritualité laïque que nous présente Annette MESSAGER nous touche par sa mise en scène dans l’espace. Le matériel utilisé (laine, filet à pêche, tricot, photos, crayons) renvoie à ce décalage souvent présent en art contemporain qui permet l’évasion et le lessivage de l’idée préconçue. La réussite est au rendez-vous de ce plaisir – déplaisir où les organes (coeur, poumons, intestins, appareil génital, foie) font une danse qui se rit de nous. Lorsque le fragmenté cache notre propre image, il y a de l’inconnu et de la mise à distance qui suscite plaisir ou déplaisir. Bravo Madame.
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Vx Poney