Les rencontres de la BAC : ELISE FRANCK au coeur des songes.

Parmi les peintres que la BAC souhaitait ausculter, Elise Franck fut la première à nous ouvrir son antre. Décor coquet d’un atelier relevant plus d’une chambre universitaire que d’un cloaque du XIX ème. L’élaboration de sa création se joue de son enfance à travers la mémoire.

« Ma grand-mère ne sait pas que je m’inspire d’elle, ça me gêne de lui dire. je détourne ses question, je fais mine de ne pas posséder de photographies de mes travaux. »(1)

Détail de la toile « Chardin » représentant un buste antique sur une commode, qui effrayait et inquiétait Elise Franck enfant la nuit, lorsqu’elle était chez sa grand-mère.

Sa mémoire renvoie à des objets, des instants, à des êtres en perpétuel ricochet.

« Mes petits croquis, c’est vraiment pas grand chose. C’est juste pour visualiser des lignes. Ces petites images m’aident à construire mes toiles… »(2)

Il faut voir ses toiles (grand format) vous happer comme pour mieux vous intégrer à ses songes. Sa création suit les méandres de fixations traumatiques, comme si elle longeait un fleuve ou le lapin côtoie la fève sans la galette. Difficile de décrire l’impression qui se dégage de ses toiles car il y a toujours une inquiétante étrangeté qui se mêle à une gourmandise non feinte.

Son travail s’appuie sur une économie de matière qui permet de retrouver cette touche délicate qui anime ce « je ne sais quoi » d’imperceptible effroi. Tout cela est truffé de nuances (de tons, d’ émotions, d’ impressions…). L’on est dans l’intime, l’intérieur, dans l’antre de la peintre.

Sa dernière toile, toujours en cours, nous laisse entrevoir d’imperceptibles évolutions dans le traitement; ses teintes demeurent lumineuses, douces, mais plus intenses et plus épaisses.

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Le thème évolue (paysage culinaire actuel) où comment peindre une montagne à l’aide de deux clichés, l’un d’une coupe de glace chantilly et l’autre d’un paysage montagneux.
Son espace de création, à l’aube de sa carrière, est tourné vers son passé, ses souvenirs. La Bac a hate de retrouver Mademoiselle Franck après la virgule, celle qui ponctuera le passage d’un passé tourmenté vers un futur incertain mais que nous lui promettons radieux et « enchanté ». Nous espérons très prochainement la revoir en dehors de son atelier. Une exposition lui permettrait peut-être de finir d’écrire sa première phrase, celle qu’elle avait commençée d’inscrire sur ses premières toiles et ainsi « par la présente »(3) continuer son histoire picturale que nous nous promettons d’accompagner.

(1) extrait de « Par la présente », Elise Franck, DNSEP art 2007.
(2) extrait de l’entretien réalisé par la Bac
(3)référence faite à: »Par la présente, je n’appartiens plus à l’art », livre de Joseph Beuys.

Nom : Elise FRANCK, née le 12/10/1984, à Metz

Adresse de son atelier : 09 rue des soeurs macarons 54000 NANCY

http://www.elisefranck.fr
Parcours :

2005 Galerie Lillebonne Nancy Organisation de l’exposition « Dans le noir » Exposition de travaux d’étudiants des Beaux-arts 2006 Espace 117 Nancy Exposition collective 2006 Galerie Automatique Bâle, Suisse 2006 Galerie de l’Esplanade Metz « Double Face », exposition collective 2007 Fort de Jouy-sous-les-côtes Jouy-sous-les-côtes Exposition « le patrimoine militaire au sein de l’art contemporain » 2007 Galerie Poirel Nancy « Le nouveau paysage familial », exposition collective

2002 Lycée de La Communication Metz Baccalauréat littéraire option arts plastiques, mention AB 2002-2007 Ecole Nationale Supérieure d’Art Nancy 2005 Diplôme National d’Arts Plastiques, option art, avec mention 2005-2006 Echange Erasmus à l’Académie des Beaux-arts de Munich, Munich atelier de peinture d’Anke Doberauer (Allemagne) 2007 Diplôme National Supérieur d’Expressions Plastiques, avec les félicitations du jury

Influences : Courbet / Chardin / Kilimnik / Tuymans / Morandi / S.Calle / V.Mréjen / Boltanski

TOUSSAINT DE L’ART

chrysanthemeLe monde voit les bulles spéculatives se désagréger. Le marché de l’art actuel, lui, s’est construit non pas sur des critères artistiques mais sur des fondements spéculatifs. Aujourd’hui la garantie pour un acquéreur d’oeuvres de faire le bon choix ne se justifie plus par la qualité de l’artiste, mais par la puissance du marchand et la solidité de son réseau.

Les 2/3 des collectionneurs importants, ceux qui font le marché, sont anglo-saxons. Cela pose la question de la diversité des oeuvres achetées et de l’impossibilité pour certains artistes d’accéder à ce marché. Une forme d’impérialisme culturel se joue dans le milieu des arts plastiques. Ces clubs d’investisseurs ont privilégié les artistes anglo-saxons. Les critères d’accès à ce marché semblent reposer sur une lecture critique monodirectionnelle, à savoir la subversion.

Le regret que l’on peut avoir est que cette lecture manque de rigueur. En effet, comment admettre la subversion lorsqu’elle est orchestrée par les marchés et subventionnée par les institutions ? Peut-on continuer à lier marché et art ? Si l’on admet que la culture est source de profit, il y a tout à craindre. C’est pourquoi il faut distinguer culture et art, si l’on veut sortir de la crise. Tout est devenu culture mais certainement pas art.

Quel reflet de notre époque les artistes vont-ils laisser aux générations suivantes ? Au regard des créations soit-disant majeures, les thèmes porteurs seraient la fade subversion, le cynisme ou le conceptuel abscons. Nous allons nous arrêter sur le thème du temps : celui-ci est en effet un thème phare de l’art contemporain. Mais à trop vouloir le distordre, il y perd son présent. Où est cet art qui se veut intemporel ? Il n’a plus de lien avec le bain sociétal et il ne prend plus de risque en se frottant au concret (qui ne se confond pas avec la vie quotidienne), au point de vouloir faire disparaitre le le rapport qui se joue entre l’oeuvre et l’époque où elle fut créée. Une toute puissance des artistes néfaste à une mise en critique permettant une évolution. Car que dire de cette redondance de thèmes pseudo philosophiques dans les oeuvres afin de cacher la misère plastique…

Trop d’artistes ont emprunté à Marcel DUCHAMP son intérêt pour la philosophie dans son oeuvre et n’ont retenu que le « Tout est art ». Ne peut-on penser comme le dit Al FOSTER dans « Design and Crime » que le deuil de la modernité et post-modernité n’est pas réalisé ? Ou plus simplement que l’art contemporain dans sa version la plus marchande (Hirst et Koons) n’est-il pas la queue de comète post-moderne ? Pour le dire simplement, ce sont les scories d’un art déjà passé à la moulinette du temps. Similitude avec les artistes pompiers du début du siècle.

Aujourd’hui, en ce premier novembre 2008, qu’en est-il de l’art et quelles conditions pour un après ?

Une des conditions premières devrait être la sincérité dans le travail de l’artiste. Seule voie possible à une démarche du futur. Se nourrir du passé est important, le singer ou pire le copier ne semble pas la voie vers l’après. Il faut expérimenter, se tromper, voyager en soi, tout en regardant dans la lucarne de l’histoire de l’art. Hanna Arendt dans son ouvrage « La crise de la culture » pense qu »il ne s’agit pas de renouer le fil rompu de la tradition ni d’inventer quelque succédané ultra moderne, mais de savoir s’exercer à penser pour se mouvoir dans la brêche ». Ce thème est repris par Pierre STERCKX dans « Impasses et impostures » en insistant sur le fait qu’un changement est nécessaire, un recommencement possible. Il préconise l’arrêt de la part des artistes ou critiques de galvauder sans nuances les phrases de Duchamp et Carl André que sont : « Ce sont les regardeurs qui font le tableau » ou « si quelqu’un dit que c’est de l’art, c’est de l’art ». Cela entraine un grand n’importe quoi. Ce n’est pas parce que nous sommes sur les ruines de l’art du 20ème siècle qu’il faut désespérer. Bien au contraire la reconstruction nous obligera à utiliser le passé et le futur pour un présent toujours dépassé.

Le LABO DTF propose la création de l’Art enchanté : un art de la fiction, du symbolique et d’une autre réalité qui ne se confond pas avec la vie quotidienne. Un art qui refuse de s’enfermer dans la case « promo dollar » tout en s’interdisant de hurler avec les loups contre l’art contemporain. Ce demain de l’art, les laborantins souhaitent y participer et souhaitent y imprimer des valeurs comme l’intentionalité, la fulgurance. Revenir à la forme comme nécessité plastique et ne pas tomber dans le formalisme avec ses clichés et schémas. Cette forme peut être liée au sens et à la subjectivation.

Pierre STRECKX fait reposer ses critiques sur la subjectivité (chère à Deleuze) et l’expression. Sa critique se rapproche de ce que souhaite la LABO DTF pour arriver à se sortir du marasme actuel. Réussir à cuisiner en laboratoire un mixte du savoir et de sensations ou un équilibre entre l’affect, le concept et le percept (saisit le sensible à travers ses apparences).

Enchantons la vie en déposant les armes et fleurissons la tombe de l’art contemporain, et fêtons la naissance de l’Art enchanté ! (ce qui charme, suscite un plaisir extrême).

° Vx Poney

Le peintre créateur d’utopie vivante ou, le pouvoir de l’art

HUNDERTWASSER au musée Unterlinden, Colmar.

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Rares sont les artistes ayant poussé leur art aussi loin et sans concession, au sein même de la vie. En effet, Hundertwasser n’a pas été que le témoin de son temps, il a agit sur lui. Allergique au conformisme ambiant au point de haïr la ligne droite. « Quand un lion s’approche de vous ou quand un requin veut vous tuer, vous êtes naturellement en danger de mort. Nous avons côtoyé ces dangers pendant des millions d’années. La ligne droite est un danger créé par l’homme. Il y a tant de lignes, des millions de lignes, mais une seule est mortelle, et c’est la ligne droite tracée à la règle. Le danger qui émane de la ligne droite n’est pas comparable au danger qui émane des lignes organiques que font par exemples les serpents. La ligne droite est étrangère à la nature de l’homme, de la vie, de toute la création. »

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Cet autrichien né à Vienne en 1928 verra sa carrière débuter à Paris. Puis très vite il parcourras le monde grâce à une série continue d’expositions, de discours-manifestes et de happenings-performances. Cela s’illustrera par une théorie: l’homme a trois peaux. L’épiderme naturel, les vêtements et la maison, tout cela sous le principe de la spirale (niveaux de conscience successifs et concentriques par opposition au moi profond). D’où sa haine de la ligne droite qui empêcherait toute divagation créatrice. Il parle de son laboratoire mental pour obtenir une parfaite autonomie imaginative. Pour Hundertwasser, l’art est le chemin qui mène à la beauté. Autre postulat chez lui , la nature est une fin en soi. Il fut traité de beatnik ingénu voir de bouffon jouant au terroriste mental. Tout est inscrit dans sa peinture, le rapport haine-nature, projet de société, lutte contre la tyrannie du fonctionnalisme et le grand défi: le triomphe de la beauté sur la laideur polluante. Sa seule arme est son art.

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A Colmar l’accent a été mis sur son œuvre picturale. Emerveillement de la BAC sur cette peinture lumineuse et humaniste comme peu de peintres sont capables d’aller rechercher (grâce à la spirale…) au plus profond d’eux-mêmes les formes et les couleurs vives de leur enfance pour illuminer de la sorte l’espace d’exposition. Forte utilisation de peinture métallique, brillante, avec une priorité de couleurs chaudes et plus particulièrement de jaune. Ses tableaux, qui sont fait de feuilles de papier collées sur la toile puis peintes ou dessinées représentent en majorité ce que l’on pourrait nommer des « villes nature ». En effet mêmes s’il y a beaucoup d’immeubles, ceux-ci sont recouvert de végétation, des arbres sortent des fenêtres, etc. Les deux belles pièces de l’exposition sont des tapisseries de grandes dimensions reprenant les mêmes sujet que les toiles mais donnant une impression de volume, de profondeur, qui décuple leur attrait. Les affiches regroupées dans une petite salle sont d’un intérêt certain sur son travail de militant humaniste et écologiste. On y découvre également des séries de timbres et de pièces que lui avait commandé l’ONU sur des thèmes tels que la paix, la fraternité ou encore l’écologie.

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Seul regret, l’absence (à part quelques photos) de prise en compte de son œuvre architecturale. Nous aurions aimé voir les maquettes de ses réalisations. Il se définissait comme un « médecin de l’architecture », il détestait la plupart des architectes, il pensait que chacun devait pouvoir construire sa propre maison (sa troisième peau) comme il l’entendait. Il a lui-même construit ou rénové des quartiers (à Vienne), au Japon, en Nouvelle Zélande, en Australie… »Je crois que l’architecture a toujours été mon but. J’ai peint parce que l’on ne m’a pas laissé faire autre chose. J’ai donc rêvé en petit ce que je ne pouvait pas réaliser en grand. Je rêvais que les tableaux n’étaient que des projets et des maquettes pour de plus grandes choses. »

Vieux-Poney et Ray.

Les citations d’Hundertwasser sont tirées du livre: Hundertwasser de Harry Rand, éditions Taschen.

« Passe moi de l’huile, je rouille »

EXPOSITION « MACHINS – MACHINES »
GALERIES POIREL – JUSQU’AU 09 NOVEMBRE 2008

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C’est la rentrée aux Galeries Poirel ! Il a fallu patienter quelques mois avant de pouvoir réinvestir ce lieu désormais habité par l’esprit du Dieu LAPEYRE.

Mais trève d’humour de mauvais goût et parlons plutôt de l’essentiel, à savoir la présentation d’oeuvres d’une vingtaine d’artistes qui ont tous pour point commun d’avoir attrapé le virus de la mécanique et de l’assemblage, et de vouloir nous le transmettre en exhibant leurs oeuvres qui tentent de nous faire plonger dans leurs engrenages.

Après avoir franchi sans trop d’émotion le « Retable profane » de Thierry DEVAUX qui aborde la question de la machine sous un angle plutôt en décalage avec le reste de l’exposition (bonjour à Jules Verne au passage), Les crocs de Daniel DEPOUTOT titillent, aguichent et donnent envie au spectateur d’aller voir ce qui se cache derrière cette machinerie diabolique. Pas assez pointu cependant pour nous rentrer dans le lard

Par contre, La machine à souffler sous les jupes étonne par le contraste entre l’énormité du soufflet tout droit sorti des hauts fourneaux, et la délicatesse du vent qui nous amène à regarder sous les jupes des filles poupoupidou…

A l’image du bestiaire de circonstance réuni pour l’occasion, cigognes, marcassins de CHEDBURN, loup et dragon de MALARTRE et autres vaches articulées de Fred PARISON (compagnie La Machoire 36 que j’avais vue jouer le spectacle « l’aquarium » qui mettait en scène des objets mécaniques conçus à partir de ferraille récupérée ), peu de grande surprise dans l’esprit général de cette exposition.

Les héritiers de l’art brut ont été convoqués, à l’image des machineries de Monchâtre; les oeuvres sont parfois interactives ce qui peut amuser et apporter le mouvement attendu….

…..mais souvent répétitive dans leur esprit anthropomorphiste, voire musical des années 70 (Frédéric le Junter, retourne jouer avec Emil 13!)

Un artiste se détache pour ma part de l’ensemble : Julien PERRIER , plutôt jeune et gonflé d’exposer des bronzes dans ce bazart, royaume de la récupération. Hormis le matériau, Perrier apporte un autre angle au mouvement en sculpture, thème central s’il en est.

Sa Métamorphose, son Secret d’état ou sa Chaise électrique nous plongent avec peu d’éléments dans leur univers qui laisse une place importante à l’imaginaire et ne nous assomme pas avec ses détails poétiques.

Il convoque avec une force certaine l’absence et le mystère, la rencontre et l’opposition. C’est peut-être grâce à la présence de cette dualité que les oeuvres prennent de la force et nous entrainent dans leur sillage.

Cette exposition, sagement mise en espace par un certain Marc DECAUX, qui apprécie les fonds rouges, et surtout les fonds de rouge (!) inaugure une rentrée artistique sous le signe du mouvement : mais cette dynamique ne se retrouve si bien que lorsqu’elle n’est que suggérée et non démontrée par l’artifice mécanique, aussi précis et poétique soit-il.

Ager Man

Vent d’Ouest sur le Nourrain

ventLa BAC s’est éclatée cet été afin de s’aérer, se ressourcer et découvrir de petites perles. Exemple : visite au Musée des Beaux Arts de Caen où était proposée une mise en perspective de l’oeuvre de GIACOMETTI et l’oeuvre de 15 artistes contemporains (BASELITZ, BOURGEOIS, BERTRAND, FISCHLI & WEISS, GORMLEY, JUDD, KIRILI, KOUNELLIS, MESSAGER, OPPENHEIM, OROZCO, PEREZ, SARKIS, SAULNIER, SHAPIRO).

Intelligence du propos, à savoir la confrontation inattendue faisant apparaitre des liens profonds d’inspiration, de sensibilité, de convergence entre GIACOMETTI et ces contemporains.

L’exposition propose 9 thématiques (visions, répétition, fragments, empreinte, mutation, mémoire, objets, énergie, fictions d’espace) dans 8 salles. Les oeuvres des quinze artistes sont mises en dialogue avec celles de GIACOMETTI. Cela crée des rencontres intergénérationelles, de l’improbable, de l’arbitraire enfin du choix, du délibéré, de la subjectivité.

« Quand aujourd’hui rencontre hier, il y a toujours un peu de demain » : cette phrase est particulièrement mise en lumière avec l’oeuvre de SARKIS « I love my Lulu » où la mémoire se joue du matériel, et vice-versa.

L’enveloppe et l’intérieur sont une oeuvre; tout est art avec cette réalisation. Recherche de sens, reprise du passé, recherche de l’inconnu, travail plastique…quelle merveille !

Et que dire de « Plaisir-déplaisir » d’Annette MESSAGER.

Rencontre du « Doudou, ninnin » avec l’être raisonné. Lorsque l’œuvre d’art rejoint le « train fantôme ». La spiritualité laïque que nous présente Annette MESSAGER nous touche par sa mise en scène dans l’espace. Le matériel utilisé (laine, filet à pêche, tricot, photos, crayons) renvoie à ce décalage souvent présent en art contemporain qui permet l’évasion et le lessivage de l’idée préconçue. La réussite est au rendez-vous de ce plaisir – déplaisir où les organes (coeur, poumons, intestins, appareil génital, foie) font une danse qui se rit de nous. Lorsque le fragmenté cache notre propre image, il y a de l’inconnu et de la mise à distance qui suscite plaisir ou déplaisir. Bravo Madame.

°

Vx Poney

DE L’OR EN BRANCHES

Retour sur l’Opération Doryphore

30 mars – 04 avril
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Les Doryphores de notre Labo DTF ont littéralement envahi la Place Carrière pendant presque une semaine.

Mais plutôt que de s’attaquer aux feuilles des pommes de terre, les petites mains de ces insecte modifiés génétiquement pour l’occasion ont accroché des pommes de terre dorées à l’or fin aux tilleuls de cette place chargée d’histoire.

Lorsque Parmentier rencontre Jean Lamour : le résultat pensé par notre collectif s’est incarné dans cette vision.

Et le public a réagi dans l’ensemble de manière positive : preuve qu’en ne craignant pas de s’attaquer à un morceau de notre patrimoine, en cherchant à prolonger l’histoire plutôt qu’à faire preuve de révisionisme, notre laboratoire DTF a matérialisé la possibilité d’agir artistiquement sur le patrimoine sans le dénaturer.

Nous nous interrogeons encore sur l’absence de réaction des autorités de la ville: alors que nous avions envoyé un courrier à notre interlocuteur monsieur Laurent HENART, que nous avions invité les médias…

Ray et son discours à M6 et France 3 sur les casques bleus de la patate

…nous n’avons reçu qu’une petite visite de nos amis policiers qui s’intéressaient de manière presque sincère et personnelle à notre démarche et qui nous ont laissé tranquillement finir l’installation.

Peut-être même ont-ils été touchés par ce que les gens ont trouvé comme un résultat plutôt esthétique, voire à tendance surréaliste ?

Il est vrai que, de manière générale, le Labo fait moins dans la poésie et préfère plutôt se rouler dans la boue que brosser l’oeuvre dans le sens du poil (du pinceau)

« La ville nous appartient » : ce qui pourrait apparaitre comme un slogan peut devenir un leitmotiv.

Nous n’en resteront pas là : nous tenterons prochainement de nous attaquer à un nouvel endroit de la Cité.

Encore merci à toutes celles et ceux qui nous ont aidé pour l’installation : le LABO recrute toutes personnes intéressées par ce genre d’intervention, qui pourraient par conséquent faire partie du collectif et utiliser les mètres carrés de notre atelier situé au 7-9 rue de la Côte.

Ager Man dit « Le Tailladé »

ps : des commentaires de notre action sur le net

http://notrade.hautetfort.com (en date du 03 avril)

Opération DORYPHORE RDV le 30 Mars à 9h00 Place de la Carrière à Nancy

dory copieTROIS DEFINITIONS; NEUF HYPHOTHESES; UNE CONCLUSION.

I TROIS DEFINITIONS

1°) Le doryphore

Le doryphore (Leptinotarsa decemlineata), du latin doryphorus, est un insecte de l’ordre des coléoptères, de la famille des chrysomelidés, aux éliptres jaunes rayées de noir, ravageur des feuilles de pommes de terre et d’autres salonacées. Cet insecte a été importé des Etats-Unis (comme le cinéma, le jazz et la pom-pom girl) à la fin de la première guerre mondiale. Cet insecte américain a pu, vu les législations et système qualité en place à partir de son lieu d’origine (le pied des montagnes rocheuses), coloniser presque le monde entier, générant des surcoûts de traitement et de coûts sanitaires que personne n’ose estimer. Heureusement, pour les Américains, que le principe « pollueur-payeur» est à ce stade du droit une utopie (wikipédia). Ils sont vraiment trop forts ces Américains ! Non ?

2°) Les doryphores

Les doryphores (porte-lances) étaient des soldats de l’armée des Perses qui marchaient devant le char du Roi, formant un corps de 15000 hommes.

3°) Le Doryphore

Le Doryphore (ou «Porte-lance») est une statue du célèbre sculpteur grec Polyclète (Vème Siècle av. JC), qui représentait un jeune guerrier armé de la lance (sculptée vers 440 av. JC). L’original en bronze est perdu, mais plusieurs copies antiques nous sont parvenues dont un marbre romain qui se trouve au Musée archéologique de Naples. Polyclète avait entrepris de démontrer, par une « statue dont toutes les parties seraient entre elles dans une proportion parfaite», quels sont les rapports de grandeur dans lesquels la nature a placé la perfection des formes humaines. Il atteignit si bien son but que la statue qu’il donna comme exemple et comme

modèle fut considérée comme un chef d’oeuvre incontestable. La tête entre au total sept fois dans le corps, deux fois entre les genoux et les pieds, deux fois dans la largeur des épaules et deux fois dans la hauteur du torse.

Après ces définitions qui pourraient s’appliquer dans l’état au Labo DTF, passons au fond de l’affaire.

Pourquoi une « Opération Doryphore » ? Qu’est-ce qui a bien pu pousser les membres du Labo DTF à travailler d’arrache-pied pendant des semaines à se lever avant le lever du jour et se coucher après lui pour surveiller la pousse de son champs de pommes de terre, transformer ces tubercules en pépites d’or en mettant leur santé en péril en manipulant des produits toxiques ? Qu’est ce qui a poussé ces alchimistes du XXIème Siècle à de tels sacrifices ? Niki de Saint Phalle n’était-elle pas tombée terrassée sur le même champs de bataille ?

Nous vous proposons un panel d’hypothèses où chacun pourra trouver, au gré de son humeur, de son rang dans la hiérarchie de son entreprise, de l’insupportabilité de ses enfants, de sa place dans l’univers, de l’inexorabilité des choses ou du nouveau président de la CUGN, une réponse à cette question.

(1) Une société, quelle qu’elle soit (le Labo DTF, un groupe d’alcoolique anonymes voire mondain, ou l’Europe) a besoin d’un projet pour affronter l’avenir . L’Europe doit-elle intégrer la Turquie, les alcooliques anonymes s’abstenir ? Les mondains choisir entre une margarita ou un double whisky ? Le Labo DTF a choisi de transfigurer la pomme de terre.

(2) Comme le Labo DTF se refuse à exposer, au mieux dans les MJC et au pire dans les bistrots, quel choix lui reste-t-il ?

(3) «L’art est l’un des gestes politiques qui fondent notre humanité » (revue Cassandre ), le Labo DTF veut se réapproprier l’espace public (cf : opération INEX, « amener votre intérieur à l’extérieur) pour aller à la rencontre des publics.

(4) Se faire voir d’un « segment sociologique de la population à fort pouvoir d’achat » (beaux quartiers plein de médecins spécialistes, d’avocats d’affaire etc… ) pour se faire acheter (les artistes, pas les oeuvres) par eux.

(5) Sortir de la réserve d’Indiens, de l’exception culturelle où s’enferment souvent volontairement les acteurs du monde artistique et culturel : « Je défends de manière absolument radicale le service public les services publics- de la culture. Mais je pense et je le dis de manière un peu brutale et schématique que la sanctuarisation conduit à la réserve d’Indiens. Je crains qu’un discours sur la défense du service public ne se transforme en un discours pour ne pas supprimer les réserves d’Indiens. Elle (ndlr : la réserve) n’y comprend pas grand chose et refuse de bouger. Son discours se limite à vouloir défendre ses frontières. Il faut reposer le problème politique de la culture dans un périmètre tout à fait nouveau. Il n’est pas tolérable que ce que l’on appelle la culture, telle qu’elle est labellisée par des lignes budgétaires, ne concerne qu’une partie minime de la population. Sans rien céder sur l’exigence et l’ambition de création, il est absolument fondamental de se poser la question de savoir pourquoi et comment il est possible que nous devenions une réserve d’Indiens » .

(6) Se faire montrer du doigt par le Bon Roi Stanislas (B.R.S.), digne ancêtre de notre Bon Maire Rossinot (B.M.R.) et en rougir de plaisir.

(7) Concurrencer le « Petit Baz’art de Noêl des artistes malheureux » (P.B.D.N.D.A.M.) en créant le « Grand Bordel de Pâques +7 des artistes demi-secs » (G.B.D.P.+7.D.A.D.S.).

(8) Retravailler la théorie épicurienne du Clinamen.. dans la physique épicurienne, le clinamen est un écart, une déviation (littéralement une déclinaison) spontanée des atomes par rapport à leur chute verticale dans le vide, qui permet aux atomes de s’entrechoquer. Cette déviation est spatialement et temporairement indéterminée et aléatoire, elle permet d’expliquer l’existence et la liberté humaine dans un cadre matérialiste . Et comme nous le répétait il n’y a encore pas si longtemps notre ami Lucrèce : « Clinamen, infime changement dans un monde si parfait, si ordonné qu’il reste stérile ».

De la légère déviation d’une trajectoire trop rectiligne vinrent rencontres, créations, grouillements de la vie et des idées et tous les possibles ». Merci Lulu. Le Labo DTF vérifie donc cette fameuse théorie en remplaçant avantageusement les atomes, difficilement visibles à loeil nu, par des pommes de terre dorées à l’or fin , celui là même qui embellit la Place Stanislas.

(9) Rendre hommage à LAmour avec un grand A pour que les volutes de lumière de Morellet ne scintillent plus seules dans la nuit.

Le Labo DTF tient à préciser que toutes ces hypothèses ont été vérifiées et validées, et par conséquent n’en sont plus.

Pour conclure

Une opération de cette envergure, de cette ambition, ne pouvant se monter sans un souci de sécurité pour le public:

(1) Le Labo DTF décline toute responsabilité

(2) Repensons à Newton, éminent précurseur des « Lumière » ; imaginons qu’il soit de notre époque, où la lumière a été remplacée par la sécurité, qu’il vienne s’;assoupir sous un des pommiers de la place Carrière et qu’il se prenne une pomme de terre sur la tête. Quelle serait sa réaction ? Rechercher les propriétaires du pommier, les responsables donc coupables de cet accident, aller porter plainte puis attendre réparation ? Ou se gratter la tête, se poser la question de la causalité de la chute de la pomme de terre dorée, rentrer chez lui et en déduire la théorie de la gravitation universelle… ?

Remerciements

Le Labo DTF tient à remercier Vicky Pédia, Cassandre, Bernard Stiegler et la Maison BARTHE, fournisseur officiel des pommes de terre.

LAKONIK

Exposition à la DOUERA (Malzéville)

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Laconique (définition du Robert) qui économise les mots, concis.

Douëra : lieu chargé d’histoire (Pierre Lotti)

Gérard nous a scotchés. Mathématicien du signe, du trait, du conscient, de l’inconscient. L’enfance revisitée à travers une actualité débordante de mièvrerie, d’insignifiance que sont les politiques. Enfin un artiste qui à travers un travail soigné, pensé, nous ouvre sans concession sa boite à jeu. Lakonik aime jouer avec le visiteur, le titiller, le presser sans jamais se l’accaparer. Chacun peut s’ouvrir aux charades, aux jeux de mots que sont ses tableaux.

Pourquoi un artiste de cette qualité n’a-t-il aucune visibilité sur Nancy et son agglomération ? Il semble que son ironie ne satisfasse pas les biens-pensants. Alors Vieux Poney lance un coup de gueule aux censeurs qui ne veulent pas se l’avouer. Si Nancy ne résonne pas au niveau national, c’est bel et bien parce que des artistes comme Lakonik ne sont pas soutenus.

Où en sont les souteneurs ?? En tous cas pas dans les tableaux de celui qui y a inscrit BUSH, SARKOZY, MITTERAND, CHIRAC à son tableau de chasse !

Chasseur, LAKONIK l’est certainement. Chasseur d’images, de tranches de vie, d’impressions du monde; un observateur de nos habitudes.

Enfin LAKONIK ravit la BAC (Brigade d’Art Contemporain) de son état d’esprit; en effet il est heureux de nous accueillir et de parler sincèrement de son travail, de ses rencontres. A noter sa collaboration avec Taroop’; Glabel et le soutien de Dupuy. Preuve en est que Nancy, là en l’occurrence c’est Malzéville, peut être pépinière de talents nationaux.

La BAC y croit

Vieux Poney