Exposition François MORELLET. Galerie Hervé BIZE
Coup de cœur des trois glands de la Brigade d’Art Contemporain. Cette galerie et son propriétaire nous transportent au sein du Gotha de l’art contemporain international. Et qui de plus passionnant que François MORELLET pour commencer cette année ? Lui qui aimait dire de l’art moderne que ce qu’il préférait, c’est qu’il soit « désacralisé, absurde, logique, élitaire, prêt à accueillir le grand public » ! Depuis cinquante ans, il s’est imposé et pour toujours de n’utiliser que des éléments géométriques pour réaliser ses oeuvres d’une façon neutre et précise, d’après des systèmes pré-établis simples et évidents.
Sa recherche, après avoir éliminé la figuration, la spontanéité, la sensibilité, l’Ego, se porte sur ce qui reste.
Après avoir salué le maître des lieux qui, comme à l’accoutumée, prend soin de ses hôtes – elle est là la bienfaisance !- , paré de sa timidité légendaire, il invite les trois gougnafiers de la Brigade d’Art Contemporain à humer le chiffre et ses myriades de déclinaisons d’arcs (Mireille ou Daniel, au choix) de cercle et de carrés fidèles à sa grammaire.
Les trois pénis-temps (sortant d’une longue cure d’abstinence) se sont tout d’abord recueillis dans la salle des fresques sur l’ensemble de 4 sérigraphies sur carton datant de 1976.
Ces sérigraphies consistent en la juxtaposition de points colorés dont le rendu final dépend de l’ordre de passage des couleurs.
Ode à l’amour de la part de François : commande de la Ville de Nancy au profit du Musée des Beaux Arts, d’une série reprenant les volutes du forgeron Lamour par une transcription Morelesque à savoir volutes et néons jaunes sur façade (cadre en bas à droite et 2ème cadre en partant du haut)
Cette œuvre est installée sur une façade du Musée derrière la fontaine Amphitrite place Stanislas. Malheureusement insuffisamment visible en raison de l’inaccessibilité au public du jardin du MBAN.
Dans la série des commandes publiques, Hervé BIZE présente d’anciens croquis ayant abouti à la réalisation d’œuvres éphémères pour la synagogue de Delme (1er cadre an partant du haut-droite) et la façade de la salle Poirel (1er cadre en partant de la gauche).
Arrêt prolongé et gondolé de nos trois sbires devant deux acryliques et graphite sur papier de 1979 à savoir « Bien / Mal » et « Dick / Cunt« . Encore une fois, ces titres nous montrent le côté facétieux, trublion voire coquin du Maestro Morellet :
Amis lecteur, à vos traducteurs !
En contrepoint des sérigraphies colorées évoquées précédemment, un ensemble de 4 encres sur papier nous présente une déclinaison de pointillés dont la forme évolue en fonction du degré d’angle choisi (décalage de 5 degrés à chaque reprise – et non pas 100 nuances degrés-) :
Pointillés 0°-20°, 0°-25°, 0°-30°, 0°-35°, 0°-40°, 0°-45°, 1976 (détail)
Magie optique : éblouissement total sans recours aux lunettes 3D !
Passage dans la salle blanche (mais où était la dame ?)
Le quadrillage est un des cadres conceptuels pilier de la trame morellesque : ainsi une nouvelle série de trois encres sur papier représentant pour le prophane des grilles de mots croisés semi-ouvertes et dont François fait évoluer la trame d’un degré sur chaque dessin : Hervé a plus d’une tour de Bize dans sa besace !
1 trame 0°, 1 trame 87° /1 trame 0°, 1 trame 88° / 1 trame 0°, 1 trame 89°, 1977
Passons sur la côte, non pas de bette, non pas de porc, mais celle qui nous fait sentir les embruns. Ainsi, Raz de marée (graphite et rhodoïd sur papier Arches, 1988), dans son décalage par rapport à Marée haute, nous met dans le sens de la vague :
François, pourquoi la puissance des mots, des titres que tu choisissais et ta rigueur sur le plan géométrique nous rendent hilare et arrivent à nous rendre ton œuvre si humaine ?
Pour conclure, face à Figure hâtive n°3 et 4 (acrylique et graphite sur papier, 1987), dans ce que nous pouvons interpréter comme un clin d’oeil aux « femmes pinceaux » d’Yves Klein…
Certes tu maîtrisais « l’art de dessiner des angles et des carrés nets de sentiments ».
Pour autant, malgré toute ta rigueur et tes précautions, tu arrives à toucher l’inconscient du « regardeur » qui prolonge tes œuvres;
Que ce soit avec sa dick ou sa cunt.