à l’Autre Canal , le 14 janvier 2008
Le lundi 14 janvier, ARTEM inaugurait sa 1ère conférence d’un cycle qui va se prolonger en 2008.
Dans la lignée du projet ARTEM, les sujets de ces conférences vont porter principalement sur des thèmes en lien avec l’art, la science, les nouvelles technologies, le monde de l’entreprise, etc…
Le premier invité de ce cycle de conférences : Maurice BENAYOUN, « artiste transmédia, directeur artistique du C.I.T.U. (Création Interactive Transdisciplinaire Universitaire) » venait sur Nancy à la demande d’ARTEM pour apporter des réponses à la question suivante :
Peut-on modéliser, inventer et créer de nouveaux espaces territoriaux ?
La BAC (Brigade d’Art Contemporain) du LABO DTF était bien sûr aux premiers rangs, et n’a pas perdu une miette des propos du chercheur-artiste.
Notre correspondant Vieux Poney n’a pas manqué l’occasion pour apporter la contradiction, même si la riposte vient un peu tard sous cette forme écrite ! La chronique qu’il adresse à Maurice BENAYOUN reprend donc les thématique abordées par l’artiste, en questionnant la forme prise par cette première conférence.
Pour avoir une biographie complète de Mr BENAYOUN et cerner plus précisément son travail entrepris depuis presque 20 ans, voici un lien vers son site internet
http://www.benayoun.com/indexF.html
Laissons la parole à Vieux Poney et à ses coups de sabots : virtuels ou réels ?
Maurice,
Pour une première d’ « Artem invite », tu nous a mis un tant soit peu hors-jeu !
En effet, nous, humbles artistes du LABO DTF, nous n’avions que des bribes parcellaires de connaissances concernant les nouveaux usages et futurs possibles du territoire.
Ton intervention ne nous a pas déplu, loin de là, car nous sommes friands (Emile) de la fabrication de nouveaux imaginaires.
Cependant ta présentation, si elle nous a touché par la rencontre et l’écoute que nous avons de ton projet et de ta démarche en phase avec notre réalité, celle-ci s’est avérée magistrale et distante. Ce n’est pas parce que comme tu l’as dit ta démarche artistique s’éloigne du romantisme du XIXème Siècle qu’il faut nécessairement tenir un discours de spécialiste ! La transversalité des disciplines (présence d’Antonnela TUFANO, enseignante et chercheur en histoire du désign, et de Caroline JULIEN, docteur en philosophie des sciences) n’implique pas un discours universitaire. Bien au contraire. La transversalité doit à notre humble avis permettre une simplification par la maitrise des discours afin d’étendre ses connaissances ou ses impressions.
Est-ce ta renommée internationale ou l’exercice de la conférence qui t’a obligé à ériger ces murailles (de Chine) ?
Nous aurions pu échanger sur tes réalisations, qui elles nous ont parlé. Particulièrement « Tunnel sous l’Atlantique » (1) (évènement historique de télé virtualité reliant le Musée d’Art Contemporain de Montréal et le Centre Pompidou à Paris)
et « World Skin, Safari photo au pays de la guerre »
L’intelligence de ne pas sublimer le médium qu’est l’informatique, voilà un sujet sur lequel nous souhaitions nous entretenir. Le détournement opéré lors du « Tunnel sous l’Atlantique » augure d’une capacité à se projeter et à creuser le tunnel qui relie l’imaginaire au sublime pour aboutir à la banalité de la rencontre. Au bout de cinq jours de fouilles art-chéologiques : « je te vois ton col est rouge » cf deuxième photo du dispositif
Quant à ton projet pharaonien en Chine (Shanghai), c’est-à-dire :
« Cosmopolis, overwriting the city »
Haro sur la ville et le développement urbain réalisé à partir du concept de mémoire rétinienne collective, installation interactive utilisant 12 lunettes de réalité virtuelle et 12 écrans de projections sur une surface de 1200 m2. Outre son monumentalisme et son esprit -interaction – mémoire collective et individuelle, elle nous a permis d’entretenir les possibilités qui s’ouvrent encore aux artistes de réaliser des oeuvres chargées d’ambition et nous t’en remercions Maurice !
Mais méfie toi, Maurice : LAO TSEU a écrit : « Qui se gonfle de sa richesse et de ses honneurs s’attire le malheur. L’oeuvre une fois accomplie, retire toi, telle est la loi du ciel« .
Tu as insisté sur le concept de réalité virtuelle en signifiant que le virtuel était le contraire de l’actuel, et que ce devait être un devenir possible, que le monde change de forme car pétri de virtualité. Si cette virtualité était synonyme de changement, et que ce changement était animé par l’intentionnalité : n’es-tu pas la pile d’intentionnalité permettant au monde de se transformer ?
Oui définitivement oui, ton intervention, même si elle nous a déstabilisé par l’envergure de ton œuvre, elle réaffirme l’intentionnalité et le désir partagé d’un nouveau monde possible. C’est surement cela que tu tritures, pétris, malaxe avec la virtualité. Sache que le LABO DTF, même s’il n’est pas (encore) dans les arcanes décisionnaires de l’art actuel, reste libre de décision et d’intention.
La lunette du LABO DTF ne saurait se détacher de ton image virtuelle
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Vx PONEY
(1) Photos extraites du site internet de M.BENAYOUN